vendredi 27 juin 2008

Insecticide


« Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui exerce le métier de devin, d’astrologue, d’augure, de magicien, d’enchanteur, personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel ; et c’est à cause de ces abominations que l’Éternel, ton Dieu, va chasser ces nations devant toi. »

Deutéronome 18:10-12


The Bug - London Zoo
[Ninja Tune, Zen132] 2008
Extrait : Too Much Pain feat. Ricky Ranking

Voici la vision interrogative et sombre d'un artiste dub envers l'état du monde. Rage, colère, condamnation, haine, agressivité, intoxication, douleur et châtiments sont les différents thèmes, observations, sentiments et réactions exprimés sur cette réalisation de Kevin Martin alias The Bug. "So much people are losing their minds, because we're living in a serious time. I guess it come in like a judgement sign, the people have killing on their mind" clame Ricky Ranking sur Judgement. Les invités sur l'album font office de chroniqueurs et de prophètes d'apocalypse, dans la tradition des shamans nécromanciens, et font la trame sonore d'une époque noire, la nôtre. Les différentes frictions géo-politiques de l'histoire récente, et autres drames actuels médiatisés, sont selon les personnages des preuves de la fin d'un monde. C'est l'histoire de Babylone qui se répète. Et aucune fuite n'est possible, ni rémission prévue, comme un virus du Nil à la puissance dix qui attaque sans discrimination, qui rappelle notre lien sans merci à la nature, que la planète est notre zoo.

La mixture dub-step, grime, dancehall et hiphop de la rue londonnienne accompagne à merveille cette allusion. Les rythmes balistiques, les professions rastafariennes et les sonorités dub provoquent chez l'auditeur un défoulement apprécié, presque salvateur et redonnent à la figure anxiogène et fanatique du prophète avalé, une certaine spiritualité. L'écoute des vociférations des deejays se prend bien; leur ton prêcheur est de bonne guerre, et la proposition artistique, sous sa noirceur et ses aspects délirants, apparaît plutôt pertinente, devant un avenir mondial trouble, où, entre les lignes du discours ambiant, les catastrophes écologiques, biologiques, économiques et idéologiques semblent se préparer. C'est tout de même avec lucidité que l'entreprise The Bug rappelle que l'impermanence n'est pas que le propre de l'individu, mais aussi le propre des nations, et de l'espèce. Un très bon album.

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